Laissez votre fauteuil roulant sur le quai et partez au large
« Wow, wow, wow!!!! LIBERTÉ!!! Quelle journée formidable. Emprisonnée à l’intérieur de mon corps depuis des années, jamais je n’aurais cru possible de ressentir un tel sentiment de liberté…» s’est exclamée Ginette Beaudreault, qui a pris part à une excursion de voile organisée l’été dernier au Club de yacht de Pointe-Claire.
« Liberté » était le mot du jour pour les six personnes atteintes qui ont appris à naviguer à la voile. Paula Stone, bénévole auprès de la Société et de l’Association québécoise de voile adaptée (AQVA), a organisé cette sortie au Club de yacht.
« La plupart des personnes ayant des problèmes de mobilité sont surprises de découvrir qu’il leur est possible d’apprendre à faire de la voile, affirme Madame Stone. Au départ, les gens sont inquiets. Ils pensent que la voile risque de chavirer. Ils n’arrivent pas à concevoir comment ils vont entrer dans le bateau et en sortir. Mais nous leur expliquons tout et leurs yeux s’illuminent dès qu’ils comprennent que c’est vraiment possible. »
« C’était ma première expérience de voile. Au début, j’hésitais à y aller. Marcher sur un quai m’effrayait; rouler sur un quai était bien pire. Et puis, une journée entière au soleil allait être épuisante. Mais puisque l’activité était organisée par la Société, ça m’a donné confiance et j’ai décidé de l’essayer », raconte Madame Beaudreault, qui vit avec la SLA depuis 14 ans.
« La voile est l’un des rares sports que peuvent faire les personnes atteintes de SLA ou ayant une mobilité réduite », explique Madame Stone. L’AQVA possède une flotte de cinq voiliers Martin 16 conçus pour les personnes dont la mobilité est limitée. Le Martin 16 est agile et amusant dans la brise, mais avec sa quille de 330 lb, il lui est impossible de chavirer. Le participant est assis au fond du bateau et tient une barre franche semblable à un manche à balai lui permettant de gouverner et contrôler les voiles. Le bateau peut être davantage adapté pour ceux qui ont un usage limité ou inexistant de leurs bras. À l’aide d’un dispositif sophistiqué de commande au souffle, le marin n’a qu’à souffler dans une paille pour contrôler le gouvernail et naviguer les voiles. Une simple aspiration ou expiration dans la paille permet de déplacer le gouvernail à gauche ou à droite et de tirer ou relâcher les voiles. Ainsi, même les personnes dont la mobilité est extrêmement limitée peuvent naviguer le bateau de manière indépendante.
« J’ai adoré être à la barre. Je recommande vivement cette activité pour toute personne à mobilité réduite », soutient Madame Beaudreault.
« En tant que bénévole auprès de la Société de la SLA depuis quelques années et auprès de l’AQVA depuis 17 ans, j’obtiens ma récompense quand je vois les sourires qui éclairent le visage des participants à leur retour. Après toutes ces années, j’ai toujours les larmes aux yeux quand je les vois aussi heureux », relate Madame Stone.


