Fragments d’anticorps thérapeutiques ciblant la sclérose latérale amyotrophique


Profil de recherche: Jean-Pierre Julien, Ph. D.

La vaccination est une technique de prévention conçue pour aider le corps à développer une réponse immunitaire à une infection. Exposé à une version affaiblie de certains virus, l’organisme produit des substances appelées anticorps qui neutralisent l’infection et reprennent du service en cas d’exposition ultérieure à la même infection.

Le premier gène portant une modification protéinique à l’origine de la forme familiale de la SLA (pouvant être transmise par voie héréditaire) est le gène SOD1. Des modifications, que l’on appelle mutations, amènent SOD1 à changer sa configuration (erreur de repliage) et il devient alors toxique pour les motoneurones et tous les autres types de cellules sensibles à son action. Des chercheurs en sont ainsi venus à penser que l’injection d’un vaccin renfermant des gènes SOD1 anormaux (au lieu d’un virus affaibli) pourrait susciter une réponse immunitaire et amener l’organisme à produire des anticorps capables de neutraliser et d’éliminer ces agents toxiques. Les expériences chez des modèles animaux de la SLA ont donné des résultats prometteurs.

Malheureusement, les anticorps qui circulent dans notre système sanguin sont généralement incapables de franchir la barrière entre le système sanguin et le cerveau et la moelle épinière (barrière hématoencéphalique). Du reste, s’ils parvenaient à franchir cette barrière, ils sont beaucoup trop gros pour pénétrer à l’intérieur des motoneurones et des autres cellules où sont concentrés les gènes SOD1 toxiques. Les anticorps produits ne pourraient agir que sur une petite partie de la charge toxique.

Lauréat d’une bourse de recherche décernée par SLA Canada en 2013, le chercheur de réputation internationale de l’Université Laval, Jean-Pierre Julien, tente de mettre à profit une nouvelle variété d’anticorps à vocation thérapeutique qui seraient capables de surmonter cette défense naturelle. Au cours de la dernière décennie, les scientifiques ont en effet mis au point des thérapies géniques qui recourent à des virus inoffensifs fabriqués en laboratoire pour franchir la barrière hématoencéphalique et infecter des cellules du cerveau et de la moelle épinière. L’équipe de M. Julien fait appel à une nouvelle technique où un gène artificiel est créé pour fabriquer des fragments d’anticorps (ce qu’on appelle un nanocorps) capables de neutraliser une cible. En utilisant un virus pour administrer ce gène à des cellules touchées par la SLA, le chercheur espère éliminer plus de gènes SOD1 toxiques que par la méthode de vaccination traditionnelle. Dans d’autres travaux, M. Julien utilise des nanocorps pour enrayer un mécanisme interne qui pourrait jouer un rôle important dans la pathogenèse de la SLA. Il a également démontré par le passé que le gène TDP-43, à l’origine de la SLA, avait une action toxique lorsqu’il interagissait avec une substance appelée p65, laquelle pourrait s’avérer un facteur clé de la maladie.

Grâce à un nanocorps capable d’inhiber le processus de liaison, il serait possible de ralentir le processus qui provoque la dégénérescence des motoneurones.

Les chercheurs canadiens poursuivent leurs travaux d’avant-garde dans la lutte contre la SLA et contribuent de manière importante à l’effort scientifique mondial de lutte contre cette maladie. Les travaux de Jean-Pierre Julien sont un exemple parfait de travaux évalués par des pairs que finance le Programme national de recherche du Canada et de l’utilisation éclairée des dons que reçoit SLA Canada pour financer les projets les plus prometteurs.

Crédit de l’article: www.als.ca 1-800-267-4257

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